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← articles plus anciens 23 mai 2018 quand les chercheurs déraillent… facebook twitter google plus pinterest linkedin email mon cauchemar continue. après ma «déprim’» liée aux moeurs des publications, je continue de tomber de haut à propos de cette historiette d’inconduite scientifique à jussieu. pour comprendre la suite, lisez les deux épisodes précédents ; je n’ai pas envie de résumer ! le moins qu’on puisse dire est que l’histoire suscite un certain malaise dans les labos, conduisant à quelques perles. elles sont anonymes, car d’une part,les personnes qui m’ont parlé pour ces articles l’ont fait en sachant que leur nom ne serait pas indiqué et d’autre part, car j’ai un peu de charité pour elles. j’essaie de ne pas commenter. justifier l’injustifiable «ok, d’accord, ce sont des manquements à l’intégrité scientifique, mais cela ne touche pas à l’intégrité des auteurs» . sic. «personne n’est tout blanc dans la recherche» . aïe, aïe, aïe… «en gros tout le monde fait un peu la même chose dans les labos». ah bon, vraiment ? «c’est comme obtenir un résultat correct en faisant un raisonnement faux. y a pas mort d’homme» . en effet. «c’est quand même pas l’affaire cahuzac» «je crains qu’avec ces histoires d’intégrité, on nous rajoute des textes et des procédures et que ça nous gêne dans notre travail» . on disait pareil des comités d’éthique à une époque. un exemple de changement de pieds rapide. «en regardant rapidement, je trouve que le rapport_analyse_detaillé est tres bien fait, et les conclusions claires et justes» . puis, plus tard, après la parution de la lettre ouverte critiquant le premier rapport : «le cnrs finira par faire le ménage, soit lui demander de démissionner, soit ne pas renouveler son mandat. mais je vous avoue que cela ne me tracasse pas outre mesure. etant qqun de pragmatique, cela ne me tourmente pas, car c’est pas les balkani non plus !» «autre temps, autre moeurs» . pas faux… conflits d’intérets (pour mémoire, l’auteur du rapport est membre du cnrs et son labo est en co-tutelle avec sorbonne université). «je ne vois pas où est le conflit d’intérêt, qui est une notion assez anglo-saxonne. ce n’est pas encore dans nos moeurs françaises. il faut faire confiance aux experts». et un hors-sujet, « s’il y a des personnes pour remettre en question le travail d’enquête de ces instances, souvent sous couvert d’anonymat et de rumeurs, pour décrédibiliser le cnrs à travers la personne de catherine, il serait sans doute bon de s’intéresser à ces personnes-là et de se poser à leur sujet la question du conflit d’intérêt.» alors, scoop : oui, ceux qui ont informé leonid schneider et déposé des figures sur pubpeer, n’avaient pas de gentilles intentions. est-ce qu’on appelle ça un conflit d’intérêt ?!? de même, on m’a « accusé » d’avoir moi-même des conflits d’intérêts… ou encore, «ayant été moi-même ciblé par pubpeer, ce conflit d’intérêt nuirait à une analyse objective et impartiale.» ah bon ? (marche aussi dans le paragraphe suivant sur pubpeer). c’est la partie qui m’a le plus troublé. autant de méconnaissance de ce concept m’effare ou m’effraie. pubpeer entendu souvent, «pubpeer, c’est vichy, c’est de la délation !» . le président du cnrs lui-même avait, sur l’émission la méthode scientifique de france culture du 8 mars, comparé ça à mettre en ligne des accusations de… pédophilie. «je ne vous répondrai pas non plus sur pubpeer pour lequel je n’ai pas d’avis circonstancié» . venant de quelqu’un qui cite ce site dans ces interventions sur l’intégrité scientifique. «ayant été moi-même ciblé par pubpeer, ce conflit d’intérêt nuirait à une analyse objective et impartiale.» ah bon ? «beaucoup de gens doivent trembler maintenant de voir leur nom sur pubpeer. on va avoir du mal à trouver des chefs !». c’est certes ironique, mais ça en dit long sur l’incapacité à trouver et recommander la bonne attitude vis à vis de pubpeer ou autre (à ce sujet, lire la tribune des responsables de pubpeer ) comment ne pas répondre robotisé : «mon devoir de réserve ne me permet pas de répondre sans autorisation aux questions concernant mon organisme de rattachement et sa direction, je vous encourage à vous adresser au service de presse du cnrs.» actors studio. «ah, ah (rire forcé). mais je fais de la science, de la recherche, pas des rapports ! je ne vois pas de quoi vous parlez» . passe-partout . «pourquoi répondre à vos questions puisque vous avez déjà vos réponses» . gonflé. «non, non, je n’ai pas lui ce rapport. cette histoire n’a eu aucune incidence dans mon labo» . si je disais qui c’est, ça aurait plus de sel ; disons que je ne crois pas cette déclaration. les diversions «on est tous fautifs d’avoir crée un système pousse-au-crime» . ou comment appeler à de grandes réformes pour ne pas regarder un cas particulier un peu gênant. «c’est la faute aux pressions, aux étudiants, au manque de temps…» . même pas dix secondes après avoir demandé un avis sur la lettre ouverte, «oui mais vous savez, ce qui a été fait à anne peyroche, n’est pas du hasard. il y a une sale intention derrière» . oui, mais cette lettre ouverte ? «mettre ces histoires en avant, c’est une attaque contre la science, qui n’a pas besoin de ça en ce moment» . certes. espoirs heureusement quand même, certains redressent la tête. «cette histoire souligne qu’on n’est pas bon en france dans la gestion des affaires d’inconduites scientifiques» . «il y a eu le désir de ne pas ternir quelqu’un, au demeurant très apprécié dans la communauté. mais ça a été fait avec maladresse» «d’un côté un travail d’enquête baclé. de l’autre une contre-expertise au ton désagréable et qui pinaille un peu trop» publié dans science | marqué avec fraude , intégrité , scandale | un commentaire 9 octobre 2017 la déprim’ d’un journaliste (en sciences) facebook twitter google plus pinterest linkedin email je suis au fond du seau. aidez-moi. aidez-moi à me sortir de cette déprim’ passagère. aidez-moi d’abord en… lisant les articles consacrés au sujet qui m’a miné ces derniers temps (lisez-les sur le temps , utilisez #icanhazpdf sur twitter, demandez-les moi , abonnez-vous (17,90 euros/mois pour le numérique…)). puis, aidez-moi en me donnant des raisons d’espérer. soyons plus clair tout de même. en résumé, avec le temps , le monde a publié une série d’articles pointant différents défauts du système de recherche actuel (hors manque de moyens, bureaucratie, précarité, conflits d’intérêt…), notamment la dictature du chiffre, la captation de l’effort publique par les revues, les arrangements avec les images ou avec les statistiques, les faibles incitations à répliquer/corriger des choses déjà publiées… trop d’erreurs je n’ai évidemment pas découvert à cette occasion tous ces problèmes liés à la qualité de la recherche et aux publications des résultats. mais ces derniers temps, j’ai commis plusieurs erreurs. je me suis abonné à la lettre de diffusion de retraction watch, qui toutes les semaines envoie plusieurs de ces cas choquants. j’ai lu le formidable livre de chris chambers qui s’inquiète que la psychologie ne passe, pour les historiens de notre période pour une science digne de l’alchimie (c’est un psychologue qui le dit). j’ai survolé les quelques 50 et plus publis annuelles de la vedette des metarecherches, john ioannidis, (c’est louche d’ailleurs ce taux de publication, non ?). j’ai installé le plugin de pubpeer qui met en couleur les articles commentés sur ce site lorsqu’on surfe sur wikipedia ou chez les éditeurs. j’ai croisé récemment de jeunes thésards qui racontent avec le sourire les pratiques un peu limite qu’ils ont déjà vu… bref, tout ceci biaise fortement le regard (que le lecteur s’épargne des commentaires attendus sur le thème, «mais pourquoi vous ne parlez que des trains qui déraillent ?» : à plus de 100%, nos articles parlent des «bonnes nouvelles» de la recherche). mais ce qui dérange n’est pas cette accumulation, évidemment minoritaire. c’est d’une part le sentiment qu’on est face à des effets systémiques, parfaite